Souvenir du Liban témoignage de Théo B.

« Le voyage était encore mieux que ce que nous pensions. Tous les élèves (ainsi que nos chers accompagnateurs) étaient ravis de cette expérience. Les différents paysages étaient splendides, au bord de la mer ou dans la montagne, chaque lieu était mémorable. Cependant, ce n’était rien face à la beauté des Libanais, par leur accueil, leur manière de penser et de voir les choses, leur manière d’être heureux malgré tout. Aucun de leur trait de caractère ne m’a déçu. Les personnes rencontrées lors de ce voyage nous ont donné une autre vision du mot chance, de notre vie et du monde.

Par ailleurs, nous avons bel et bien travaillé dans la cuisine de Marie. Nous avons pu nous rendre utilessurtout dans la préparation des légumes en général : les éplucher, les couper ou encore les mettre dans des barquettes pour les livraisons ; car oui, nous ne mangeons pas qu’à la cuisine de Marie les plats qui y sont préparés. Nous avons pu nous rendre utiles et efficaces, c’était notre but principal. Nous avons même fait un grand repas pour l’Aïd, et toute la journée nous avons préparé la salle, préparé différents plats et desserts. Chaque moment vécu était magique. 

Et dernièrement, nous avons bien évidemment eu des moments touchants, que ce soit en discutant avec des élèves de l’établissement où nous dormions ou encore avec des volontaires de la cuisine de Marie, parfois même des personnes venant y manger. Chaque rencontre était une pièce du puzzle de notre voyage. 

Une élève m’a dit dans les premiers jource qui la rendait heureuse : aller en cours, voir ses amis puis ses parents, c’était cette routine qu’elle voulait. Elle vivait chaque jour comme si c’était le dernier à cause de l’instabilité du pays. Cette phrase, je l’ai entendue plein de fois par plein de personnes différentes. Nous étions tous touchés par ces paroles. 

Voilà un bref récapitulatif de notre voyage, je ne voulais pas trop rentrer dans les détails dans un mail. Je vous laisse ci-dessous un petit texte d’une rencontre faite lors du voyage. Elle m’a particulièrement touché et je l’ai retranscrite pour ne pas oublier ces sentiments ressentis. 

« C’était un beau jour comme un autre à la cuisine de Marie. Nous venions de finir le service et nous passions alors à table. Mes camarades et moi étions assis sur une longue table. Tous fiers de participer à ce projet, la joie était à son comble. Nous profitions de ce joli moment à partager après la bénédiction du père Hani. Pendant le repas, un ami du prêtre vint se joindre à nous Il s’appelait Charbel. Il était sûrement atteint d’une maladie mentale mais était tellement gentil et heureux de nous voir ! Il trouva alors une place à l’opposé de la mienne. Le repas se passait à merveille, les plats de la cuisine de Marie que nous venions de cuisiner étaient excellents. Quand j’eus fini mon assiette, une douce mélodie attira mon attention. C’était Charbel, M. Sennes et M. Noetinger qui chantaient « laissez-moi danser » de Dalida. Une chanson magnifique qui me fit me déplacer à côté d’eux. Quand l’enceinte arriva et que la musique commença, j’ai vu s’imprimer sur le visage de Charbel un sourire sincère montrant sa joie. Nous apportions chacun une voix supplémentaire quand nous connaissions les paroles. Cela partait de certains de mes camarades qui ne connaissaient que certains mots en fin de phrase jusqu’à Charbel qui la chantait par cœur en mâchant quelques mots sans le vouloir. Lors du refrain, il se leva et chanta plus fort, la joie qui s’exposait sur son visage était tout simplement magique. Nous tapions des mains au rythme de la musique en l’écoutant dans son moment de gloire. Je ne cessais de me dire que cette personne avait connu tout un tas d’horreurs qui s’étaient produites à Beyrouth. Entre la crise économique, le coup d’état, l’explosion du 4 août… Mais aujourd’hui il était encore là, ici, avec nous pour partager ce moment jovial. A la fin de la musique, il avait les larmes aux yeux. Pour ne rien cacher, je n’en étais pas loin non plus. On venait de lui donner avec une simple chanson un moment inoubliable de sa vie. Un moment qui venait de lui faire quitter sa lourde routine. Un moment qui lui a permis de s’évader ne serait-ce que 3min46 de la solitude qui stagnait au fond de lui. »