Si Saint Elme m’était conté

Découvrez l’histoire de Saint Elme depuis sa création.

SAINT ELME, PATRON DES MARINS

Le nom de Saint-Elme vient probablement de deux saints, l’un Elme ou Erasme martyr italien du IVe siècle et l’autre Telmo espagnol du royaume de Léon mort au XIIIe siècle. Tout deux furent confondus et pris comme patron des marins. Saint-Elme apparaissait dit-on dans les tempêtes, au sommet des mats des navires, une lumière à la main pour les protéger. De là le nom de « feu Saint-Elme » donné aux éclairs parcourant les mâts et les vergues chargés d’électricité par temps d’orage. Sa fête est le 2 juin.
C’est peut-être pour ce symbole que le Père Baudrand donna en 1876 le nom de Saint-Elme à l’Ecole Centrale  Maritime qu’il avait fondé en 1872.

LA FONDATION

L’histoire de St-Elme se rattache à celle des Dominicains. Sous le Second Empire, l’Ordre enseignant dirige un collège à Arcueil en région parisienne. Le Révérand Père Baudrand, passionné de marine rêve de créer une école de formation d’officiers de marine marchande. Avant 1870, il va prospecter à Arcachon dans la paroisse du Moulleau alors confiée à des Dominicains. Or dans la paroisse Saint Ferdinand, un des édiles de la nouvelle commune d’Arcachon, Adilbert Deganne a fondé le collège Saint-Ferdinand pour en faire une école navale. Cependant de multiples difficultés font échouer le projet et poussent A. Deganne à mettre le collège en vente. Sur ces entrefaites, la guerre de 70 éclate, le Père Baudrand aumônier est fait prisonnier, alors que la révolte de la Commune de Paris se déchaîne, dévaste le collège d’Arcueil et fusille les religieux. Libéré en 1871, le Père Baudrand décide d’installer à Arcachon son école navale. En 1872 il occupe le collège Saint-Ferdinand, en 1877 l’ordre Dominicain englobe l’Ecole et achète pour 70 000 francs à A. Deganne les bâtiments et quatre hectares de terrain. Ainsi naît l’Ecole Saint-Elme dont les statuts sont déposés à l’étude de maître Dumora, notaire à La Teste en mai 1886.

L’ORGANISATION DE L’ECOLE MARITIME

Dès sa fondation Saint-Elme fut une école de la mer. Elle est organisée en deux sections :

  • le noviciat maritime pour garçons de onze à quatorze ans, a pour but d’éprouver la solidité de leur vocation maritime sans modifier la marche de leurs études
  • la section commerciale maritime pour les jeunes de quinze à dix-huit ans. Ils vivent à bord du navire de l’Ecole et pendant deux ans suivent un enseignement commercial (maths, droit, comptabilité, géographie, anglais) et maritime (hydrologie, météorologie, cartes, manoeuvre, sauvetage, natation)

Le R.P. Baudrand avait fondé St-Elme pour former des officiers de la Marine  de commerce. L’Ecole accueille deux sections de jeunes marins : les Novices Pilotins et les Pilotins.
Les Novices Pilotins (12-16 ans) passent quatre années d’études classiques et navales. L’enseignement classique comprend « toutes les branches nécessaires et utiles à une instruction sérieuse » : religion, morale, français, anglais, histoire, géographie, arithmétique, algèbre, géométrie, astronomie, trigonométrie, physique, chimie, histoire naturelle, botanique, géologie, comptabilité, calligraphie, dessin, gymnastique, chant. L’enseignement de pratique navale en mer : connaissance du matériel de bord, travaux de matelotage, manoeuvres, timonerie, télégraphie, machine à vapeur, canonnage, natation. Complété par une visite de navires, chantiers de constructions et de répérations, docks, fabriques de cordages, voiles, ancres, conserveries alimentaires…
La quatrième année est sanctionnée par un examen théorique et pratique en toutes matières leur permettant le passage dans la section des Pilotins.

La section des Pilotins était habituellement en mer, les jeunes faisaient deux campagnes au long court comme Pilotins de 2è classe puis de 1ère classe. Le navire est un trois mâts de commerce transportant des marchandises vers le nouveau monde, dont l’Etat-major se compose d’un capitaine, son second, un lieutenant, un chirurgien et un aumônier. Les Pilotins reçoivent une instruction sur les devoirs des officiers de marine de commerce, le droit maritime, commercial et international. Le reste est employé à la pratique, l’hygiène navale, des manipulations pharmaceutiques et chirurgicales, les observations et calculs pour la direction d’un navire, le service religieux et les soins moraux. A la fin de la deuxième campagne ils passent un examen de théorie et de pratique pour obtenir le Brevet de lieutenant de la Marine de Commerce. A 18 ans le Pilotin devient Lieutenant, peut se suffire, il est intéressé aux bénéfices et gagne de 100 à 120 F par mois. A 20 ans il devient Second, à 24 il peut accéder au titre de capitaine et à 50 avoir droit à la retraite. Au total six années de formation et 6800 F de frais.

L’EPOQUE DES BATEAUX

L’Ecole possédera successivement un cotre, le Saint-Elme, une goélette, l’Eclipse, un trois mâts barque, le Saint-Elme et l’ancien yacht pontifical, l’Immacolata Concezzione; qui vogueront jusqu’en Angleterre, Espagne, Méditerranée et… Paris.

Mai 1873 : la goélette “ L’Eclipse ” effectue son premier voyage en mer avec des élèves de l’Ecole.
Mai 1875 : L’Eclipse fait escale à Paris du 14 au 21 mai. Le navire fait l’objet de la curiosité   des visiteurs. Il rentre à Arcachon le 20 juin après 83 jours de navigation.
8 novembre 1876 : Le Cardinal Donnet bénit le Saint-Elme  à Arcachon. “ Les R.P. Dominicains ont voulu faire avant tout une oeuvre à la fois chrétienne et française ” écrit l’Aquitaine dans son édition du 18 novembre.
21 janvier 1877 : l’élève Raoul de Gromard reçoit à bord du Saint-Elme, la médaille d’or du sauvetage pour un sauvetage effectué en juillet à Port Navalo.
En 1877 le R.P. Baudrand rédige une circulaire pour décrire la prochaine croisière du Saint-Elme : le Saint-Elme est un trois mâts barque, à double vergues, de 234 tonneaux. Dans son entrepont, trois postes séparés : l’équipage, les mousses, les élèves. Un carré spécial pour la maistrance, et dans la dunette, l’Etat Major. Les capitaines ont fait leur preuves dans la Compagnie Générale Transatlantique. La maistrance comprend un maître de manoeuvre, un maître de timonerie, un maître charpentier, l’Etat Major : les officiers et professeurs, un aumônier et un chirurgien. L’équipage se compose d’un nombre de marins capables de manoeuvrer à eux seuls le navire et des élèves. Le service de bouche est dirigé par un maître coq et un maître d’hôtel. L’enseignement  continue pendant le voyage, les élèves prennent des notes dans chaque port qu’ils doivent ensuite rédiger définitivement pour le retour. Les élèves prennent part de jour et de nuit aux quarts réglementaires, ils sont soumis comme les marins aux règles disciplinaires des navires marchands. Le Saint-Elme  visitera : Oran, Alger, Naples, Civita Vecchia, et Rome, Bastia, Marseille, Gibraltar, Algésiras, Cadix, Lisbonne et La Corogne. Départ entre le 15 et le 30 avril, retour vers la fin de juillet.

Le Père Baudrand et les élèves seront reçus à Rome par le pape Pie IX qui aurait proposé  de vendre à l’Ecole Saint-Elme, le navire pontifical l’Immacolata Concezionne. Parti de Naples le 10 juillet, le navire atteint Marseille le 23 et rejoint Arcachon le 16 Septembre. Entre temps le Père Baudrand avait reçu des mains du Président de la République, le maréchal de Mac-Mahon, les insignes d’Officier d’Académie, le 11 septembre.
En 1877 le pape Pie IX soucieux d’alléger les charges du Trésor pontifical, décide de se défaire du yacht pontifical, l’Immacolata Concezionne. Ce trois mâts goélette avec machine à vapeur, immobilisé à Toulon depuis 1870 pour échapper au roi d’Italie, coûtait cher au gouvernement de l’Eglise. Lors de l’escale du Saint-Elme à Rome, le pape impressionné décide de donner à l’Ecole moyennant… cinquante mille francs, ce dernier bâtiment de la flotte pontificale. En 1878 un deuxième navire-école ne s’impose pas mais l’Immacolata présente de nombreux avantages. Le Père Baudrand envisage de vendre le Saint-Elme et engage des pourparlers avec le Saint-Siège. Le nouveau pape Léon XIII accepte l’échelonnement des paiements et l’acte de vente est signé en novembre 1878. Le navire réarmé appareille de Toulon et arrive à Arcachon le 16 juillet 1879 accueilli par le cardinal Donnet et le représentant du Saint-Siège, une salve de canons et la fanfare de l’Ecole.

Mais les nuages s’amoncèlent sur l’Ecole Maritime, les menaces du gouvernement anticlérical sur les congrégations enseignantes, les dons du roi d’Espagne Alphonse XII et de la grande-duchesse Catherine de Russie sont insuffisants, le bateau reste au mouillage et on ne trouve pas d’acquéreur pour le Saint-Elme. En 1880 la loi sur les congrégations oblige à une autorisation, les difficultés financières s’accroissent alors qu’il faut payer les annuités au Saint-Siège, le Père Baudrand est obligé de fermer la Section Maritime, en octobre ne subsiste que la section classique.

LA MORT DU PERE BAUDRAND

La santé du Père Baudrand s’altère il est obligé de s’aliter durant l’hiver 1881-82, en mars 1882 il doit se résoudre à vendre l’Immacolata à un armateur du Hâvre pour cent mille francs, mais celui-ci fait faillite et il ne touchera que les dix mille francs d’accompte tandis que le bateau est saisi à Londres. Alphonse XII décernera au Père Baudrand les insignes de commandeur de l’Ordre du Mérite Naval d’Espagne pour son oeuvre maritime, mais ce dernier décède à Saint-Elme le 20 février 1883. Ses obsèques se déroulèrent le 23 février, le cortège quitta l’Ecole Saint-Elme suivi d’une foule considérable pour la Basilique Notre-Dame. La messe fut chantée par les élèves, M. Salzedo, professeur de chant, chanta quelques versets du « Dies Irae ». Son cercueil, transporté à la gare, sera salué une dernière fois par une salve de l’Eclipse. L’inhumation se fera dans le caveau des dominicains à Oullins. La dette au Saint-Siège fut payée dans les délais et Léon XIII offrit en cadeau à l’Ecole une embarcation à voiles et à avirons qui restera dans les ateliers des chantiers navals Bossuet jusqu’en 1950. L’Eclipse réarmée tous les étés par le Père Libercier fut vendue en 1887 à un agent d’assurances de Bordeaux, quand au Saint-Elme, désarmé en 1880, il resta longtemps sur le Bassin jusqu’en 1888.

LES CHAPELLES DE SAINT-ELME

Bénito de Véricourt, Président de l’Association  des Anciens Elèves, prononça ces mots à la réunion  du 29 mai 1938 : « Qu’elle était élégante et jolie, cette petite chapelle toute en boiseries et d’une acoustique si parfaite. Le Père Couturier la faisait résonner d’une musique si belle que l’on accourait de tout Arcachon et même de Bordeaux pour nous entendre aux jours de grandes fêtes… »

Jolie mais trop petite et mal commode d’accès. Elle était située au premier étage du bâtiment de restauration, au dessus de la salle à manger, au débouché de l’escalier en bois. Elle servit plus tard de salle des fêtes, des spectacles y furent donnés pendant les kermesses jusque dans les années 1980. Elle fut transformée en salle d’étude dans les années 1990, les derniers travaux de la fin du siècle en fit les salles de classes 4 et 5 (les boiseries sculptées que l’on y aperçoit encore sont les restes des voûtes en bois cachées par le faux plafond). C’est pourtant là que furent inaugurées par l’organiste de la cathédrale de Périgueux et M. Lejeune professeur au Conservatoire de Bordeaux, le 27 mars 1890,  les grandes orgues provenant des ateliers Tech Ghys. Cette même chapelle fut trop petite pour contenir la nombreuse assistance à la messe de 9 heures, le jour de la Toussaint 1892, venue écouter Charles Gounod diriger la chorale des élèves et accompagner le « Credo » à l’orgue. Le 7 mars 1893 y furent également chantés par les élèves, une messe inédite composée par Charles Gounod en 1844 et un hymne religieux à Saint Dominique et à Saint Thomas d’Aquin dédié par Gounod aux élèves de Saint-Elme.

La construction d’un édifice plus vaste a donc été décidé, et pendant de nombreuses récréations, des dizaines d’élèves arrachèrent à la dune des centaines de brouettes de sable pour réaliser la terrasse où il devrait s’élever. La première pierre fut bénite par le T.R.P. Libercier après une messe en plein air le 23 mars 1893.

La construction fut menée activement par des ouvriers appartenant à la corporation chrétienne du bâtiment. « Ce sera le premier chef-d’oeuvre de cette corporation vaillante qui est un des premiers syndicats mixtes fondés dans nos contrées » lit-on dans la Semaine religieuse du Diocèse, année 1893. La nouvelle chapelle sera consacrée par le Cardinal Lecot, Archevêque de Bordeaux, le 28 juin 1894. Arrivé la veille à la gare d’Arcachon, sa voiture fut escortée par un peloton d’élèves à cheval, et il entra dans la cour de l’Ecole alors que sonnaient les cloches de Saint-Ferdinand. Le Cardinal accueilli par le R.P. Ligonnet et le corps professoral, passa dans la cour où les élèves l’applaudirent et se trouva face à la chapelle dressant « ses deux flèches dans la virginale beauté de sa masse imposante et de ses lignes harmonieuses, encadrée d’arbres verts, de chapeaux et d’oriflammes » ( L’Avenir d’Arcachon du 8 juillet 1894).

Le lendemain, 28 juin, la foule massée sur le perron de la chapelle et sous les galeries du collège assistait à la consécration, la messe fut célébrée par le R.P. Libercier et le R.P. Didon prêcha pendant plus d’une heure : « les yeux sont émerveillés à la vue de cet édifice gracieux, élancé, recueilli, où la pierre blanche sous l’habile main de l’architecte Garros, semble s’être faite idée et prière… » . Le Père Libercier dira  de l’architecte au cours du repas qui suivit : « artiste aussi distingué que modeste, dont la science et le talent, aidés d’une foi peu commune, savent tirer de la pierre des inspirations si pures… ».

Le 6 juillet 1897, une cloche de 525 kg, offerte par des anciens élèves et des amis de Saint-Elme, fut bénie et placée dans le clocher avec l’inscription : «  Mon nom est Madeleine. J’ai pour mission d’appeler à l’office divin les enfants de l’Ecole Saint-Elme, dirigée par les Dominicains enseignants. Mon inauguration s’est faite sous les auspices du Cardinal Lecot, archevêque de Bordeaux en l’an de grâce 1897, Léon XIII étant pape, le Révérendissime Père Fruhwirth, maître général de la Congrégation, le T.R.P. Ligonnet, prieur de la dite Ecole, Mme la Comtesse Dulong de Rosnay, représentée par la Comtesse de Fitzjames, est marraine , M. Tabuteau des Touches, président de la Société Anonyme de l’Ecole Saint-Elme, parrain. »

L’EXIL (1880 – 1920)

La vague anticléricale qui avait secoué la France après la révolution de 1830 et qui avait été victorieusement combattue par Lacordaire et Montalembert, reprend force sous la Troisième République. La montée des Radicaux, les progrès du socialisme, l’ attitude intransigeante de certains papes, provoque des réactions de plus en plus dures des gouvernements envers les congrégations religieuses. En 1880, des décrets sont pris contre les Jésuites qui furent expulsés. Une expérience telle que celle de l’Ecole Saint-Elme ne pouvait que déplaire au gouvernement. La prudence commandait de l’arrêter : à la rentrée d’octobre 1880 la section préparatoire à la marine de commerce fut fermée.
En 1880 l’Ecole est touchée par les décrets de dissolution des établissements congréganistes. Les Dominicains doivent s’exiler une première fois en Espagne, de retour en France le Collège ne prépare plus qu’au baccalauréat. En 1901 une nouvelle vague anticléricale amène un nouvel exil. St-Elme continue avec l’appui du clergé du diocèse mais les Pères créent le collège Captier à Saint-Sébastien qui connaît un vif succès. Ils revinrent à Arcachon qu’en 1920 et y sont demeurés (sauf l’interruption de 1939-1945) jusqu’en 1974…
Cependant l’Ecole continue ses autres activités, en décembre 1898 le R.P. Maurel reçoit le drapeau tricolore frappé de l’emblème du Sacré-Coeur et déclare : « Ce drapeau prendra place dans la Chapelle à la droite du tabernacle face à celui de Saint-Elme, le patriotisme n’accepte pas plus de scepticisme que la religion, l’image du Sacré-Coeur ne se sépare plus de celle de la France… ». En 1900 est créée l’Association des Anciens Elèves dont le premier banquet à lieu à Paris en avril. Le 19 mars 1901 est inauguré le buste du R.P. Baudrand dans la cour d’honneur de l’Ecole.
Mais la même année le gouvernement Waldeck-Rousseau fait voter la loi sur les Associations, leur accordant un statut libéral avec dérogation pour les congrégations religieuses : interdiction de fonder une congrégation sans autorisation et interdiction aux membres de congrégations non autorisées d’enseigner. En 1902, le radical Emile Combes qui lui succède, applique la loi avec rigueur : refus de toute demande d’autorisation. En avril 1903, les Dominicains de Saint-Elme reçoivent notification du rejet de leur demande, il leur est interdit d’enseigner à partir de juillet 1903. Le R.P. Maurel demande alors asile à la très catholique Espagne….

En juin 1903, l’entrevue entre Veyrier-Montagnères, maire d’Arcachon et Emile Combes, président du Conseil, n’avait rien donné : l’expulsion des Dominicains est irrévocable. E. Combes est cependant favorable à la création, à Arcachon, d’un collège secondaire avec des professeurs d’état. (L’Avenir d’Arcachon, 7 juin 1903). 
Le choix du R.P. Maurel se porte alors sur Saint-Sébastien pour installer un nouveau collège, après de très nombreuses difficultés, il fonde le Collège Captier (du nom du fondateur du collège d’Arcueil fusillé sous la Commune). Des élèves et des familles suivirent les Pères, l’établissement ouvrit, on conserva l’uniforme (seule l’inscription sur le ruban fut changée en Collège Captier), l’esprit de Saint-Elme demeura…
Cependant à Arcachon, une société civile se fonda pour assurer la survie de l’enseignement à Saint-Elme, la rentrée y serait assurée à la date habituelle. (L’Avenir d’Arcachon, 7 juin 1903). Le 7 juillet, ce même journal fait savoir que la distribution des prix se déroulerait la 20 juillet et que la direction du Collège était confiée à un prêtre séculier, l’abbé Guillet.
Et la vie continue à Saint-Elme…

Le 6 mars 1904 est organisée devant un public nombreux une séance littéraire et musicale par l’abbé de Meurville, au profit des pauvres.
Mais le climat devient menaçant, le Président du Conseil foncièrement antireligieux s’en prend au Vatican au sujet de la nomination des évêques, et les relations diplomatiques sont rompues entre la France et la Papauté (1904). En décembre 1905 est votée la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat : la République assure la liberté de conscience, les propriétés de l’Eglise deviennent propriétés de l’Etat mais laissées à la disposition d’associations cultuelles. Rome refuse la création de ces associations. L’Eglise se trouve donc dépossédée et n’a plus aucun moyens d’action…
Heureusement l’exploitation de l’Ecole Saint-Elme était assurée depuis 1887 par la  Société Anonyme de l’Ecole Saint-Elme. Un jugement du Tribunal de Grande Instance de Grenoble de juillet 1905, confirmé par la Cour d’Appel de Grenoble le 7 août 1905 reconnaît la propriété de l’Ecole à la Société Anonyme.
Ainsi le prospectus édité en 1908 peut-il affirmer : « L’Ecole Saint-Elme  est un établissement d’enseignement secondaire. Fidèles à l’esprit de son fondateur, La Société Anonyme qui l’administre, les prêtres qui la dirigent avec la collaboration de laïques dévoués, se proposent de former des chrétiens éclairés et convaincus, des hommes intelligents, aux idées larges, des français profondément attachés à leur pays. Ils inspirent à leurs élèves, l’amour du travail et de l’action, persuadés que plus que jamais il faut à côté du chrétien qui compte sur l’assistance d’En-Haut, il faut l’Homme qui lutte. Le programme est résumé dans la devise de l’Ecole : Aide toi, le Ciel t’aidera ».

LA GRANDE GUERRE

Depuis l’exil des Pères, Saint-Elme vit au rythme de quelques événements que relate dans ses articles « L’Avenir d’Arcachon » . En 1908 séance littéraire de la « Petite Académie » au profit des oeuvres charitables de l’Ecole où P. Bedin rend hommage à la Patrie. Le 28 juillet de la même année distribution des prix présidée par le chanoine Verdalle représentant le cardinal Lecot. En mai 1911 il est fait allusion de façon élogieuse du patriotisme enseigné à l’Ecole. En mars 1913, devant les menaces de guerre il est question de porter le service militaire à trois ans, les grands élèves envoient au député Albert de Mun le texte suivant : « Messieurs les sénateurs, Messieurs les députés, les élèves de l’Ecole Saint-Elme d’Arcachon feront avec joie, pour assurer la dignité et l’indépendance de leur pays, le sacrifice de trois ans de leur jeunesse. Vive la France et tout pour la patrie. »
Albert de Mun  répondit le 19 mars 1913 : « Mes chers amis, je reçoit ce matin votre lettre généreuse qui me touche grandement. Je la communique à la presse. C’est le meilleur moyen de la faire lire à ceux dont elle invoque le patriotisme. »

Mais c’est quatre ans de guerre que firent les correspondants d’Albert de Mun, et quatre vingt douze d’entre eux (de Saint-Elme et de Captier) qui tombèrent au champ d’honneur. Du 2 août 1914 au 30 avril 1919, les bâtiments du Collège sont réquisitionnés pour servir d’hôpital, alors que les cours fonctionnent dans des villas louées. La chapelle reste ouverte au culte et des concerts y sont donnés au profit d’oeuvres charitables : 26 septembre 1915 pour les blessés, 31 janvier 1916 pour les soldats aveugles de guerre. La distribution des prix est respectée :  le 16 juillet 1917 elle est présidée par le général d’Ormesson ;  juillet 1918  le chanoine Bacheré, directeur de l’Ecole, évoque la figure  de Bernard de Montardy, élève de seconde  qui s’engagea à dix-sept ans et mourut glorieusement au combat.
Le chanoine Bacheré chassé du collège diocésain de Sainte-Foy-la-Grande confisqué par le gouvernement après la loi de séparation, dirigea Saint-Elme durant l’exil des Dominicains et s’efforça de maintenir au collège le caractère que ces derniers lui avait donné. Il affirme en 1911 : « la façade du collège est toujours la même et le coeur n’a pas changé ». Il restera directeur jusqu’au retour des Pères, sera directeur honoraire aux côtés du Père Maurel jusqu’en 1921 et mourra en 1931 à quatre-vingts ans.

Durant ces dix-sept années (1903-1920), les liens avec les Dominicains exilés en Espagne furent maintenus. Le 2 juin 1905 est créée l’Association des Anciens Elèves des Ecoles de Saint-Elme et de Captier, une réunion annuelle avait lieu à Paris et à Bordeaux et le Père Maurel faisait le voyage pour retrouver ses anciens élèves. En 1906 à Bordeaux, il leur dit : « Je ne connais pas de lien plus fort dans les sociétés que le respect et l’amour des traditions. Les familles et les nations en vivent; y porter atteinte, c’est désagréger ces sociétés et les mener à leur perte. »  Pour conclure sur ces dix-sept années d’exil, il suffit de relire un extrait du journal Le Gaulois du 11 novembre 1910 : « Oh! La source oasis que cette école! et qu’il fait bon de garder la figure ouverte, radieuse de santé et de bonne humeur de ces enfants! Tandis que je félicitais élèves et maîtres, le supérieur me dit : « c’est aujourd’hui la veillée des morts, voulez-vous venir avec nous les saluer ? » Très ému, je suivais à travers le parc jusqu’à un tout petit cimetière caché dans les pins. Tandis que la prière montait du coeur de ces enfants jusqu’aux morts, je ne sais quelle émotion profonde, indéfinissable gagnait mon âme. Je songeais en voyant cette resplendissante jeunesse, pieusement agenouillée sur les tombes, que la France restera toujours, et quand même, le pays des miracles… »
Le 13 juin 1919, les évêques de France adressèrent aux catholiques la lettres suivante : « Le régime de la séparation de l’Eglise et de l’Etat est , de soi, contraire à l’ordre voulu par Dieu. Si cependant certaines circonstances semblent l’imposer, la séparation doit se faire selon les règles de la justice, et l’Etat reste toujours tenu de respecter les droits et les libertés de l’Eglise ». Cependant, l’Eglise devenait plus accommodante, le principe était que les enfants catholiques ne devaient pas fréquenter une école non catholique ou neutre, mais dans la pratique l’Ordinaire d’un lieu pouvait préciser les circonstances dans lesquelles la fréquentation de ces écoles pouvait être tolérée (Canon 1374 du code canonique de 1918). Du côté de l’Etat, le sectarisme était en baisse, car le patriotisme manifesté par le clergé pendant la guerre avait donné à réfléchir.
Ce vent de tolérance soufflant sur la France, poussa les Dominicains à quitter l’Espagne et à revenir à Arcachon. Le 8 février 1920, le journal « La vigne d’Arcachon » annonce :  « L’Ecole Saint-Elme dépossédée de son immeuble pendant cinq ans a repris sa vie normale avec pensionnaires, demi-pensionnaires et externes surveillés. D’importants travaux s’y poursuivent pour la réfection des bâtiments et l’amélioration de la vie matérielle des élèves. Ils feront de Saint-Elme une maison d’éducation qui ne le cédera à aucune pour l’hygiène, l’agrément et le confort ».

Le 7 mars 1920, les Dominicains revenus en habits de prêtres séculiers (et non avec la robe blanche de leur ordre ) pour ne pas avoir l’air de braver la loi sur les congrégations toujours en vigueur, peuvent célébrer la fête de Saint-Thomas d’Aquin suivant la tradition. L’Amiral de Faramond de La Fojolle, ancien élève de 1875 à 1880 assiste à la cérémonie.

LE  RETOUR DES DOMINICAINS ET L’ENTRE-DEUX-GUERRES (1920-1940)

Les Dominicains revenus de l’exil  la vie reprend à Saint-Elme : cours, festivités et réceptions se succèdent. Le dimanche 28 mai 1922 une grande fête sportive se déroule selon le programme suivant :

8h30 Grande Messe
9h45 Mouvements d’ensemble petite division et grande division – Salut au drapeau.
10h30 Jeux et concours. Eliminations, vitesse, haies, 300 et 600 m, sauts en hauteur et longueur.
15h00 Vêpres et Salut du Saint-Sacrement.
16h30 Finale des jeux et concours – Carrousel d’attelages (petite division)
17h00 Assauts d’armes
18h00 Relais – Course en sacs – Mât incliné – Fil – Corde de traction
18h30 Grand carrousel (manège) sous la direction de M. Mesmin, écuyer.
20h00 Séance de Cinéma
21h00 Illuminations – Embrasement des cours – Concert de cors de chasse.

Le 22 novembre 1923 une troupe de comédiens ambulants  vient jouer devant les élèves un opéra comique : « Le marquis de Turlupin ». Le 2 décembre le journal d’Arcachon relate l’événement : « On a beaucoup ri et si quelques pharisiens ont été scandalisés par l’apparition d’une femme sur la scène ecclésiastique, nous leur répondons que Saint-Elme n’est pas un séminaire… »

1925 : En juillet visite de l’Abbé Bergey, ancien combattant et Député de la Gironde. Les élèves le saluent de leurs applaudissements devant la salle des fêtes comble. A l’intérieur, où seuls ont été admis les parents des élèves, l’orchestre dirigé par M. Martz joue une marche entraînante. Sur la scène pavoisée de drapeaux le R.P. Maurel lui souhaite la bienvenue.

1927 :  Le 17 juin se déroule dans le parc où des reposoirs ont été dressés, une magnifique procession de la Fête-Dieu.

1931 : Le Cardinal Andrieu, archevêque de Bordeaux, vient à Saint-Elme pour administrer le sacrement de Confirmation à trente-deux élèves. Il reviendra en juin 1932 en confirmer trente autres. 

1932 : Le 6 juillet Edmond Ducasse, ancien élève (1917-1922), ordonné prêtre à Paris le 29 juin, célèbre sa première messe dans la chapelle de l’Ecole assisté par le Père Maurel. Ce dernier tombé malade quelques temps après devra abandonner la direction de l’Ecole en décembre 1932.
Le 7 juillet la distribution des prix est présidée par le général Gaby accompagné de deux colonels. Celle du 8 juillet 1933 s’est déroulée sous le signe de l’Humanisme. « M. Albert Chérel, éminent professeur de littérature à la Faculté des Lettres de Bordeaux, présidait entouré de tout le corps professoral. Dans la salle des fêtes fleurie et pavoisée, la foule des parents et des élèves avait du mal à tenir. Les claires toilettes féminines tranchaient sur la masse sombre des uniformes. Après une chaleureuse présentation par M. le Supérieur, M. Chérel prononça un magistral discours. » (Annuaire 1933-1934).

LES OBSEQUES DU PERE MAUREL

Le Père Maurel  qui avait été professeur et directeur de l’Ecole de 1885 à 1903 et de 1919 à 1932, décède à Marseille en 1935. Il avait demandé à reposer dans le petit cimetière de Saint-Elme  au fond du parc sous les grands pins et cachés par les fougères (sur le territoire actuel de la cité Plein Ciel derrière la chapelle). Ses obsèques eurent lieu le 21 février. Auguste Casati raconte:  « ce fut un spectacle grandiose et profondément émouvant. La messe fut célébrées par le provincial de la congrégation, le T.R.P.  Créchet. La liturgie dominicaine claire et aérée comme un nef de cathédrale gothique, déploya toute sa douleur, après l’évangile, son successeur le T.R.P. Gache fit l’omélie. Sur la terrasse de la chapelle l’abbé Martin, son fidèle collaborateur puis Robert des Moutis, président des Anciens Elèves lui rendirent un suprême hommage.

Ce fut ensuite le pieux et lent cheminement, à travers le parc sur le sable humide vers le petit cimetière, le temps était très doux, le ciel tout en grisaille et comme endeuillé, avec ça et là, quelques rayons de soleil qui laissaient percer l’espérance. »

UN DIRECTEUR DE SAINT-ELME, MAIRE D’ARCACHON (mai 1941-23 août 1945)

L’arrivée des allemands à Arcachon en juin 1940 liée à des frictions entre le R.P. Milleret, prieur et l’Abbé Martin, Directeur académique et économe coïncida avec le départ de Saint-Elme des dominicains. Le 19 août 1940 le chanoine Peuch, directeur de l’Enseignement Libre, confirmait à l’abbé Martin sa nomination au poste de Supérieur du Collège Saint-Elme : « son Excellence Mgr Feltin  – [l’archevêque de Bordeaux] – me prie de vous dire combien elle vous est reconnaissante d’accepter cette lourde tâche à laquelle un long passé vous a admirablement préparé. Si vous avez dû vous incliner devant les motifs graves qui ont obligé les R.P. Dominicains à reprendre leur liberté, vous avez compris le devoir présent et plus que jamais urgent, de maintenir ce foyer d’éducation chrétienne. »  
Le 24 août 1940 le journal « L’Avenir d’Arcachon » écrit dans ses colonnes  : « L’Ecole Saint-Elme est une institution remarquable dont l’histoire se confond avec celle d’Arcachon. Il n’est pas excessif de dire qu’elle a ajouté au prestige de la cité et contribué dans une mesure non négligeable à sa prospérité. Le bruit que Saint-Elme ne rouvrirait pas ses portes à provoqué partout une vive émotion. C’est un faux bruit. L’Ecole continuera à faire mieux que des latinistes et des mathématiciens, des jeunes gens animés d’un pur idéal et d’une foi patriotique. La France en a un pressant besoin. »
[En effet, trente deux anciens élèves de Saint-Elme tomberont au Champ d’Honneur entre 1939 et 1945.]
L’Abbé Martin était membre du Conseil Municipal d’Arcachon depuis 1929 et avait été adjoint en 1932, 1935 et 1936. Le gouvernement de Vichy le nomma Maire en mai 1941. « L’Avenir du Bassin d’Arcachon » commente : « Pour nous, arcachonnais, qui avons vu à l’oeuvre l’abbé Martin au cours de ces douze dernières années, l’effet de surprise passé, nous conviendrons que cette nomination vient à son heure et que le nouveau maire est bien « the right man in the right place. »
Le journal « Sud-Ouest » du 29 janvier 1959 écrira : « il donna dans ces moments parfois très difficiles, la mesure de son intelligence et de sa souriante, mais très ferme diplomatie. »
L’abbé Martin abandonna la mairie à la Libération, après la constitution, le 23 août 1944, d’une délégation spéciale remplaçant la Conseil Municipal. Il consacra à partir de cette date toute son activité à l’Ecole Saint-Elme, mais la tâche n’était pas facile…

LA REORGANISATION DE SAINT-ELME APRES LA GUERRE (1945 – 1959)

Après l’abandon de la mairie d’Arcachon, le Chanoine Martin s’attacha à la lourde tâche de relever l’Ecole après la tourmente de la guerre. Le 26 décembre 1945, le directeur de l’Enseignement libre lui écrit : «  le diocèse considère Saint-Elme comme un organisme de première importance pour l’éducation chrétienne de la jeunesse. Malgré la pénurie effroyable du clergé en ce moment, il lui consent de lourds sacrifices de personnels qu’il est tout disposé à intensifier, pour autant que les circonstances l’exigeront. Par contre, il a le désir et le besoin d’être assuré qu’une circonstance fortuite comme serait par exemple un arrêt brusque de votre activité personnelle, ne rendront pas vains ces sacrifices. Le temps n’est plus où le diocèse était assez riche en prêtres éducateurs pour consentir à les prêter à des oeuvres qui n’étaient pas proprement les siennes ou sur les quelles il n’avait pas un important droit de regard ». Plus lion dans sa missive le directeur de l’Enseignement libre parle « d’un retour souhaitable aux traditions du collège », cela semble une allusion non déguisée au retour possible des Dominicains à St-Elme.
Ceux-ci y reviendront progressivement, en 1950 le R.P. Audouard, « collaborateur très précieux d’une bonté particulièrement attirante et d’un dévouement aussi exemplaire qu’inlassable » arrive à l’Ecole, mais il décède au début de 1957 et n’est pas remplacé.
La vie scolaire retrouve peu à peu ses fonctions. Si le rapport du Conseil d’Administration de février 1956 signale qu’ « il ne s’est rien passé qui vaille la peine d’être noté », celui de février 1958 consigne que « les effectifs scolaires se sont sensiblement accrus ».
Les grandes cérémonies traditionnelles reprennent à la fin des années 1950, en juin 1958 : réunion des anciens élèves en présence du Chanoine Martin, du prieur le R.P. Malebranque, du censeur le R.P. Delcuvellerie et du régent le R.P. Girardet; messe à 11 heures suivie d’un banquet. Le censeur fera rentrer les anciens élèves dans la salle du banquet en colonne par un pour leur rappeler leur temps d’élèves. Une collecte permettra d’offrir un très beau poste de radio au Chanoine Martin.
En décembre 1958, au cours d’une cérémonie solennelle le Cardinal Richaud lui remet la croix de chevalier de la Légion d’Honneur, au titre de l’Education Nationale. Dans son allocution le Chanoine redit son attachement de près de cinquante ans à cette « Ecole dominicaine restée fidèle à l’esprit de son fondateur et sur laquelle l’Ordre de Saint Dominique à des droits imprescriptibles ». Quelques jours plus tard, à l’asile hospitalier St-Dominique, dont il est l’aumônier, il reçoit la croix de chevalier de l’Ordre de la Santé Publique de M. de Gracia, maire d’ Arcachon. Mais il décède subitement le 27 janvier 1959 en allant célébrer la messe, comme tous les matins à 7 heures, à l’Asile Saint-Dominique.
Les obsèques du chanoine Martin furent célébrées le 30 janvier 1959 à 10 heures dans la chapelle de l’Ecole, on dut laisser les portes grandes ouvertes tant l’assistance était nombreuse. Mgr Gallissaire, représentant le cardinal Richaud, fit l’éloge du défunt. Son cercueil précédé du drapeau de l’Ecole et escorté des élèves en uniforme fut inhumé dans le petit cimetière  au milieu des tombes des pères dominicains.
Cet « arrêt brusque » de l’activité du chanoine Martin, évoqué dans la lettre de décembre 1945, ne fut pas dommageable pour l’Ecole car, à la suite de tractations avec l’ordre des dominicains, la reprise en charge par eux était prévue pour le courant de l’année 1959.

LE  RETOUR OFFICIEL DES DOMINICAINS (1960 – 1973)

Le 21 janvier 1960 le Père Provincial de Toulouse et la Père Supérieur de l’Ecole Saint-Elme décident le réunion définitive du Collège à l’ordre Dominicain, une fête réunit le Conseil d’Administration le 2 février pour célébrer l’événement. L’Ecole compte alors deux cent cinquante élèves encadrés par six Pères Dominicains, des professeurs et des surveillants laïques. Mais il faut résoudre le problème financier provoqué par les nécessaires réparations  dues à l’abandon forcé des bâtiments pendant la guerre.
Les nouvelles orientations de l’Ordre l’obligent à remettre l’administration de l’Ecole à une Association d’Education Populaire (A.E.P.) dès la rentrée 1968 et à donner la direction à des laïcs. L’ Ecole est déjà devenue mixte dès 1964.
En mai 1968 se déroule la Journée de l’Amitié réunissant élèves, parents, anciens et amis. En décembre de la même année est inauguré par le Préfet d’Aquitaine Gabriel Delaunay et le Maire d’Arcachon M. De Gracia la Maison de Retraite « Fondation Larrieu ». M. De Gracia souligne le geste de la Société Civile de Saint-Elme et des Pères Dominicains qui ont participé à une oeuvre humanitaire en cédant le terrain à un prix raisonnable (un hectare à 27,50 francs le mètre carré). La Fondation s’élève sur l’ancienne carrière d’équitation de l’Ecole.
En septembre 1969, le journal  « Sud-Ouest » publie un article intitulé « Une page d’histoire vue du ciel » avec une belle vue aérienne du parc qui l’entourait encore. Actuellement à la suite du morcellement du parc, la résidence « Plein Ciel » s’élève au sud de la chapelle, à l’emplacement du cimetière des Pères, dominant de sa haute tour les deux frêles clochetons de la chapelle.

En 1971 paraît aux éditions du Seuil, le roman « Fiesta » de J.-L. de Vilallonga dont le début se passe à l’Ecole Saint-Elme (Saint-Elfe dans le roman) au moment de la prise du pouvoir par le Général Franco en Espagne.
Le 27 mai 1972 est célébré le centenaire de l’Ecole en présence des maires d’Arcachon et du Teich et du député avec messe concélébrée, exposition de dessins d’élèves, déjeuner en plein air, lâché de ballons, pièce de théâtre :  « Coup de chapeau à Saint-Elme » et danses folkloriques.
En juillet 1973 le R.P. Rambaud abandonne ses fonctions de directeur pour enseigner au collège d’Oullins, c’est lui qui avait fondé la section de canoé-cayac. Le 1er  mars 1974 le seul dominicain resté à l’Ecole publie le premier numéro de « L’Ancre d’Or » bulletin trimestriel.
Dans ce premier numéro figure l’organisation de l’Ecole :

Administration par une A.E.P. loi de 1901, présidée par M. Laymand ancien élève et pharmacien maire du Teich.
Gestion pédagogique :
Supérieur, Directeur académique et aumônier : R.P. Dastarac
Directeur des Etudes Secondaires : Jean Pinson
Censeur : M. Fardel
Directeur des Etudes Primaires : M. G. Devin
Intendant : M. Dubois
Un mot de l’Association des Parents d’Elèves :
« Notre Ecole, telle que l’a définie le Concile est un centre où doivent se rencontrer, pour partager les responsabilités de son fonctionnement et de son progrès, familles et groupements de tous genres. Direction et professeurs sont bien décidés à oeuvrer après une longue hibernation, à redonner allant et fierté dans le travail, en sauvegardant la patrimoine religieux, moral et matériel, légué par leurs prédécesseurs. »
et enfin un poème demandant aux Anciens :
«  De nous léguer de quoi réparer la chapelle
Ressusciter notre orgue et tout pareillement
Remettre des ardoises à nos flèches si belles. »

En mars 1974, lors de la messe  de la Journée des Anciens élèves, le R.P. Dastarac bénit une plaque fixée au dessus de la crypte portant les noms des défunts qui étaient dans le petit cimetière se trouvant en bordure du domaine de « Plein Ciel » . Celui-ci ayant été profané plusieurs fois les restes des défunts ont été transférés dans la crypte. Lors du banquet qui suivit le Président des Anciens Elèves remercie le baron Marcel Bich (lui même ancien élève) pour le chèque substantiel qu’il a envoyé pour la restauration de la chapelle.
En mai une fête familiale est donnée dans la salle de spectacle, et un élève de 8è reçoit le premier prix de la prévention routière de la Ville d’Arcachon.
En septembre de la même année Jean Pinson devient Chef d’Etablissement, le Père Dastarac restant aumônier.
Le 15 mars 1975 le maire d’Arcachon M. De Gracia et le R.P. Tauvarque inaugurent une plaque au nom du Père Baudrand baptisant l’allée qui conduit à la Résidence « Plein Ciel ». Cette plaque avait provoqué une polémique entre la mairie et les copropriétaires de « Plein Ciel » qui ne voulaient pas d’une allée Baudrand. La municipalité fit inscrire le nom de « square du R.P. Baudrand ». Aujourd’hui il n’y a pas de square et la plaque inaugurée en 1975 a disparu…

Le bulletin trimestriel a été remplacé par une revue annuelle « l’Ecole Privée Saint-Elme », le Père Dastarac a quitté l’Ecole en août 1976, et malgré de multiples demandes auprès du Prieur provincial de Toulouse, l’ordre Dominicain ne détacha plus de religieux à Saint-Elme. L’Ordre lui même se désengage de ses anciennes fonctions d’enseignement puisqu’il ferme la prestigieuse école de Sorèze en 1991.

L’ENSEMBLE SCOLAIRE PRIVE SAINT-ELME (1977-…)

A la rentrée 1977 l’Ecole  devient l’ « Ensemble Scolaire  Privé Saint-Elme » au sein de l’Enseignement Catholique. Les effectifs sont passés à 467 élèves. Le bulletin annuel de 1978 présente le projet éducatif :
« Saint-Elme est un établissement privé catholique d’éducation et d’enseignement primaire et secondaire. Il accueille des garçons et des filles dans toutes les classes. Etant placé sous contrat d’association avec l’Etat, il doit concilier son caractère propre et les exigences de la législation scolaire en vigueur. Saint-Elme veut :
Etre une école qui contribue à plus de justice
Permettre l’expression et l’éducation de la liberté
Etre ouverts sur la vie
Favoriser les relations et donner aux jeunes qui lui sont confiés, un sens à leur vie, en leur proposant de redécouvrir des valeurs que la civilisation estompe aujourd’hui et en leur offrant un lieu où la rencontre personnelle et communautaire de Jésus-Christ est possible. »

En juin 1977 l’Ecole fête son 105e  anniversaire, « Sud-Ouest » titre : « un  collège qui a su s’adapter aux temps modernes ». En  1980 renonçant à son droit au bail sur la moitié de son domaine, l’Ecole récupère des subsides qui lui permettent de rénover ses immeubles. En 1982 le 110è anniversaire est célébré par une soirée récréative évoquant l’histoire de l’Ecole réalisée par les élèves et les professeurs, terminée par l’embrasement de la chapelle et une soupe à l’oignon et le lendemain par une messe présidée par Mgr  David, un déjeuner dans un réfectoire modernisé et une kermesse animée avec du sport  et des jeux.
L’année 1983-84 voit un bilan sportif honorable en voile, planche à voile (cinquante élèves), deux équipes de handball, trente élèves ont fréquentés le golf international d’Arcachon, participation au championnat de France en course d’orientation.

L’année 1985 atteint les 550 élèves dont 135 pensionnaires et de nombreuses demandes d’inscriptions ont du être refusées. Les activités sportives se multiplient : judo, escrime, voile. Des stages pour étudiants étrangers sont organisés (étudiants américains de l’Iowa). L’Ecole rappelle la nécessité de l’ouverture sur le monde et de l’accueil des cas sociaux.
A la rentrée 1985 les effectifs montent à 570 dont 140 pensionnaires. Trois nouvelles classes sont ouvertes ainsi qu’un laboratoire. L’électricité de la chapelle a été refaite grâce aux dons des Anciens. Le char à voile s’ajoute aux disciplines sportives.
Octobre 1988  le directeur déclare : «  Contrairement à ce que pensent les personnes mal informées, Saint-Elme souhaite accueillir les élèves de tous les milieux et quelque soit leurs revenus. Près de soixante familles bénéficient, soit d’une bourse nationale, soit d’une bourse saintelmoise, à l’intérieur de l’établissement. » et « Sud-Ouest » ajoutait : « Saint-Elme a évolué, il n’est plus cet établissement huppé destiné à une classe sociale élevée… ».

Dans le bilan de l’année 1989, Jean  Pinson fait remarquer que les écoles dominicaines sont passées sous tutelle du diocèse qui apporte son aide religieuse et matérielle. La première assurée par quatre prêtres de paroisse à temps partiel pour la catéchèse mais pour combien de temps encore ? La seconde sous forme de caution en garantie du remboursement des emprunts contractés.
Depuis, 1992 fêta les 120 ans de l’Ecole par une série de manifestations préparées par les élèves , les professeurs, le personnel et les parents. M. Pinson quitte Saint-Elme pour Bordeaux. Les années qui suivirent virent les directions successives de M. Hamel puis de M. Ambroise, la transformation de l’A.E.P.  en OGEC, et la rénovation complète des locaux (à ce jour encore inachevée). Parallèlement les effectifs continuent à augmenter et les résultats aux examens deviennent très satisfaisants.